23

Dès qu’il fut seul, il s’empressa de plier tous les paravents dont il ne supportait plus la vue. Il se promit de les vendre à un restaurant chinois ou à un quelconque club de massage. Conan Lord aurait su quel piège tendre à son ennemi, mais David Sarella restait les bras ballants, les yeux tournés vers la baie vitrée où s’ouvrait désormais un trou de la grosseur du poing.

« Légitime défense, lui chuchota le rat. Tu es en état de légitime défense, tu y as pensé ? Ça te donne le droit d’anticiper sur l’adversaire.

— Qu’est-ce que tu racontes ? rétorqua David.

— C’est pourtant simple, ricana le rongeur. Tue-la le premier. Emmy, la petite Emmy... règle-lui son compte avant qu’elle ne te fasse la peau.

— Tu es fou ! protesta le romancier.

— Non, dit le rat. C’est toi qui es fou. »

David s’assit en tailleur sur le béton de la terrasse, effrayé par ses propres mécanismes mentaux. Avant qu’on ne lui injecte le Sourire Noir, il n’aurait jamais eu ce genre de pulsion. N’était-ce pas là la preuve flagrante que quelque chose avait pourri en lui ? « Vous avez besoin d’un scanner », avait déclaré Emmy ; il songea qu’elle n’avait peut-être pas entièrement tort.

Et pourtant l’idée faisait son chemin. Il était maintenant presque certain d’avoir identifié la silhouette de la jeune femme derrière le paravent. Cette conviction gagnait en épaisseur de minute en minute. En tant qu’agent de sécurité, Emmy savait tout des systèmes d’ouverture ou de protection, elle avait facilement pu s’introduire dans l’immeuble, déchirer le carnet noir, enfoncer le stylo-plume dans le mur à coups de marteau. Si on la laissait faire, elle ne s’arrêterait pas à mi-chemin.

David se mordit l’ongle du pouce, rongeant la corne jusqu’au sang. Il avait encore le floc-floc de l’essence dans les oreilles. Dieu ! le futon imbibé de carburant aurait fait un joli barbecue, c’était sûr, et il se serait tordu là-dessus, enveloppé par les flammes. L’agonie devait vous paraître interminable dans de telles conditions. Floc-floc...

Il frissonna. La mort d’Emmy lui semblait tout à coup nécessaire. Inévitable. Mais comment s’y prendre ? La renverser en voiture ? La pousser du haut d’un pont ? Elle était affaiblie, malade, ce serait beaucoup plus facile qu’un mois auparavant. Avec un poumon en moins, on devait vite s’essouffler. Il pourrait peut-être l’étouffer au moyen d’un sac en plastique ? Un sac poubelle solide, quadruple épaisseur, conçu pour résister aux morsures des chiens errants. Il faudrait répéter le mouvement, s’entraîner sur un mannequin ayant la même taille que la victime, le fabriquer au besoin.

Il remuait ses pensées de mort en regardant les cerfs-volants bourdonner dans le vent, sur la plage de Venice. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les formes, certains très compliqués, à cinq ou six étages.

« Cette fois tu es vraiment en train de devenir fou, pensa-t-il sans réellement s’émouvoir. Si tu te fais prendre, il faudra plaider non coupable au procès. Faire valoir que tu agissais sous l’emprise d’une drogue hallucinatoire. »

Les mains tendues, il mima l’agression : le sac qu’on rabat sur la tête de la victime, qu’on serre autour de la gorge pour empêcher l’air de passer. Ne pas oublier de se tenir en retrait, hors de portée des coups de griffes.

Il se redressa, rentra dans l’appartement et prit conscience des graffitis zébrant les murs. Il fallait effacer ça au cas où la police viendrait l’interroger. Quelques litres de peinture blanche feraient l’affaire.

Il sortit acheter les outils nécessaires au supermarché et se mit à l’ouvrage, un rouleau de mousse fiché au bout d’un manche à balai.

Il dut passer plusieurs couches sur les inscriptions, mais il n’était pas mécontent de travailler. S’agiter lui faisait du bien. Il avait ouvert la baie vitrée en grand, pour aérer le loft et chasser l’odeur de peinture. Il essayait de ne pas prêter l’oreille aux propos du rat qui ne cessait de marmonner des choses inquiétantes du fond de sa cachette.

Une petite ombre se faufila par la porte ouverte, le faisant tressaillir. Il se figea, le rouleau entre les mains, le cœur battant. Durant une seconde, il crut qu’il s’agissait bel et bien du rongeur fantôme, sorti de sa tête pour mieux le tourmenter, mais ce n’était que le chat du Japonais amateur de cerfs-volants, cette bestiole qu’Emmy avait failli occire lorsqu’elle avait piétiné le puzzle ramené de la maison des collines.

Il haussa les épaules et reprit son travail, effrayé de la facilité avec laquelle il se mettait à accepter l’incroyable. Le rat... l’espace d’un moment, il avait réellement cru se trouver en face du rongeur imaginaire avec lequel il entretenait des conversations de plus en plus longues. Une sueur glacée lui restait de cette brève panique, et ses mains tremblaient sur le manche à balai. Le chat noir trottinait dans son dos, flairant les objets abandonnés sur le sol, les bâches, les pinceaux. David s’agaçait de le savoir là et se retournait pour le surveiller. Il ne comprenait pas pourquoi il agissait ainsi, car le matou lui était au demeurant parfaitement familier. Très souvent – presque chaque jour, en fait – il venait somnoler sur la terrasse, ou faire le tour du loft. Le romancier avait fini par considérer que l’animal faisait partie de la copropriété et que chaque habitant de l’immeuble en possédait un morceau. Alors pourquoi, aujourd’hui ?

« C’est à cause du rat, pensa-t-il soudain. Le rat a peur du chat. C’est normal, il s’énerve. Fais sortir cette saloperie de greffier avant qu’il n’arrive un malheur. »

La sueur lui gouttait dans les yeux. Des images absurdes mais terrifiantes explosaient dans son esprit : le chat noir lui sautant sur les épaules et lui ouvrant la boîte crânienne à coups de griffes pour en déloger le rat... Des images atroces comme seul un fou est capable d’en produire. Il posa le rouleau en équilibre contre le mur et se tourna lentement vers le matou. La bestiole s’était frottée aux pots de peinture et des traînées blanches maculaient son pelage. Elle examinait l’homme d’un air dubitatif, probablement parce qu’elle avait senti sur lui l’odeur de la peur et de la colère.

« Fais attention ! hurlait le rat ratatiné dans la tête de David. Il va sauter ! Il va t’ouvrir le crâne pour essayer de m’attraper ! »

L’écrivain s’assit à croupetons, les paumes reposant sur les cuisses pour enrayer les tremblements. Il ne savait plus très bien de quoi il avait peur : du chat... ou de la folie qui grondait en lui. Cette fois il en était certain : le poison du Sourire Noir coulait toujours dans ses veines. Au fil des mois ses processus mentaux se désagrégeraient, et il finirait dans une cellule capitonnée, submergé par les cauchemars.

Il ne devait pas faire de mal au chat. Surtout pas. Il pensait « chat », mais il savait qu’il aurait dû remplacer ce mot par « Emmy ».

Son bras se détendit sans qu’il ait conscience d’avoir ordonné ce geste. L’animal vint se frotter à sa main, renifla ses doigts. L’odeur de peinture le grisait et il ronronnait très fort.

« Maintenant ! chuinta le rat. Attrape-le par la peau du dos et lance-le contre le mur, ça lui cassera les reins ! Vite, pendant qu’il ne se méfie pas ! »

La main de David se referma sur le cou du petit félin, frôlant le collier de cuir. Il y avait une sorte de breloque près de la boucle du fermoir, une clochette...

Non, ce n’était pas ça. D’ailleurs ça ne faisait pas de bruit. Jamais, jusqu’à présent, il n’avait détaillé la bête avec autant d’attention. Parfois, il avait risqué une caresse distraite, mais en règle générale il avait toujours évité de la prendre dans ses bras.

Le chat ronronna de plus belle. David avança les doigts vers le collier, toucha du bout de l’index le petit médaillon. C’était rond et épais. Trop épais pour une simple plaque d’identité. Et soudain, il sut à quoi cela ressemblait. Il avait eu un objet similaire entre les mains alors qu’il réunissait de la documentation pour l’un de ses romans. C’était un micro espion, une pastille émettrice qu’on pouvait se procurer pour cent dollars dans n’importe quelle officine spécialisée dans la « sécurité » industrielle. La réception se faisait au moyen d’une banale radio FM, et la portée de l’engin tournait autour d’une trentaine de mètres. C’était parfait pour écouter les conversations d’une belle voisine, et...

Voisine... voisin... voisin ?

Le chat noir appartenait à Matsumaki, le Japonais du rez-de-chaussée, cet ancien ingénieur de Silicon Valley qui vivait de ses rentes et ne sortait de son antre que pour essayer ses cerfs-volants sur la plage. L’Asiatique trompait-il sa solitude en écoutant les conversations des copropriétaires ? Possible. David ne savait rien de ce bizarre bonhomme, sinon qu’il fabriquait des cerfs-volants horriblement compliqués en regardant les telenovelas diffusées par les chaînes mexicaines de Tijuana. C’était un personnage dont l’étrangeté restait plutôt moyenne en comparaison des individus hautement allumés qui hantaient Venice, aussi ne s’était-il jamais intéressé à lui.

Il retira sa main. Le chat se roula sur le sol. Il voulait jouer. David songea à toutes les fois où la bestiole s’était glissée chez lui pendant qu’il téléphonait ou bavardait avec une amie. Combien de filles l’avaient câliné ou gratté entre les oreilles ?

Il savait également qu’il était facile d’attirer un matou à un certain endroit en vaporisant de l’essence de valériane sur les murs ou la moquette. Les chats raffolaient de cette odeur, ils la suivaient à la trace. Matsumaki était-il venu ici pour asperger le sol avec un tel produit ?

Le chat... David le revoyait, allongé sur la terrasse. Il se tenait là, aplati contre le verre chaque fois qu’Emmy était venue échafauder des plans. Si noir qu’une fois la nuit tombée il devenait invisible. C’était une bête tellement intégrée au décor qu’on n’y prêtait plus attention. Oui, elle était là quand la jeune femme avait apporté les menottes électroniques, David se rappelait maintenant l’avoir entr’aperçue couchée contre la porte-fenêtre. La sensibilité du micro était sûrement très grande, elle avait permis à Matsumaki de capter toute la conversation.

« C’est le Japonais, pensa David avec un hoquet. C’est lui qui se promenait derrière les paravents, le bidon d’essence à la main. Il savait que je ne pouvais pas lui sauter dessus. C’est lui aussi qui a coupé la ligne téléphonique... mais pourquoi ? »

Et, tout à coup, la révélation le frappa, lui arrachant un gémissement de stupeur.

Matsumaki... c’était Orroway.

Bien sûr. Il aurait dû y penser plus tôt. Orroway se rapprochant de sa victime à son insu, pas à pas, selon la grande tradition du Gotcha. Quelle ironie ! David l’avait cherché partout alors qu’il était là depuis le début, sous ses pieds. Un Japonais anonyme, frêle, d’une discrétion de fantôme, et auquel personne ne faisait plus attention depuis des lustres... Comme il avait dû s’amuser ! Il les avait tous promenés d’un bout à l’autre du pays, bien installé au milieu des tiges de balsa et des rouleaux de papier crépon au moyen desquels il confectionnait ses cerfs-volants.

David ne l’avait guère croisé plus de cinq ou six fois au cours des trois dernières années. Il en gardait l’image d’un homme frêle, aux longs cheveux d’ébène, et dont les yeux disparaissaient derrière de grosses lunettes noires à verres « miroir ». On l’avait décrété « japonais » à cause de son nom, de sa peau jaune et de sa voix zézayante. Rien de plus. Mais n’importe qui pouvait se barbouiller de fond de teint abricot et contrefaire une diction d’Asiatique en agrémentant sa conversation de quelques formules de politesse nipponnes volées à la méthode Assimil. Qui se souciait de lui ? Personne. Il recevait peu de courrier, se faisait livrer ses provisions à domicile, sortait sur la plage au petit matin. Probablement n’habitait-il l’immeuble que sporadiquement, lorsque ses « affaires » lui en laissaient le temps ?

Orroway. Comme il devait être fier de sa ruse, si énorme qu’elle ne risquait même pas d’effleurer l’esprit d’un homme sensé !

David alla mécaniquement se laver les mains. Le chat, mécontent de son indifférence, avait pris le chemin de la terrasse. Le romancier comprenait aujourd’hui pourquoi Emmy n’avait jamais trouvé de micros chaque fois qu’elle avait passé le loft au détecteur. Orroway n’avait pas été assez bête pour en poser à demeure, il préférait attendre un peu et envoyer le chat en espion voltigeur, une fois les vérifications d’usage effectuées. Il connaissait la musique. Le matou grimpait sur la terrasse, se couchait contre la baie vitrée, et captait chaque murmure.

Il fallait prévenir Emmy. Tenter de la convaincre.

Il sortit dans l’intention de passer son coup de fil d’un lieu public, et, pour brouiller les pistes, remonta jusqu’à L.A. pour se perdre dans la Galeria. Là, il appela Corckland Industries d’une cabine.

— Encore vous ! grommela Emmy, ça vire à la persécution.

— Je dois vous parler, souffla David. J’ai découvert où se cache Orroway. Cette fois j’ai mis dans le mille. J’ai besoin de vous.

Il y eut un moment de silence, comme si Emmy hésitait à raccrocher.

— Corckland vient de me virer, dit-elle d’une voix lasse. Licenciement pour cause de maladie. Je ne suis plus apte à tenir mon rôle dans la société, paraît-il. On m’a apporté mon chèque d’indemnités il y a dix minutes. Je suis en train de vider mes tiroirs.

Elle fit une nouvelle pause avant de soupirer.

— Venez chez moi, dans une heure. Nous parlerons de votre problème. Je vais avoir du temps libre.

Elle lui donna l’adresse, le numéro de téléphone, puis coupa la communication.

Elle habitait Downtown, une jolie résidence pour célibataires. David tourna une demi-heure autour du pâté de maisons en rongeant son frein. Il faisait les cent pas sur le trottoir quand la jeune femme gara sa voiture. Des cartons encombraient le siège arrière, voisinant avec une lampe et des lithographies sous verre. Emmy ouvrit la portière et descendit précautionneusement. Depuis sa sortie de Cedar-Sinaï, David la trouvait plus fragile... plus humaine. Elle donna les clefs au portier et entraîna le romancier vers l’ascenseur.

— Alors ? fit-elle. Qu’avez-vous encore inventé ?

Ça commençait mal. Il s’efforça de rester calme et d’exposer froidement sa théorie. Emmy ne cilla pas.

— Le Japonais du rez-de-chaussée ? dit-elle simplement en ouvrant la porte de la cabine au vingtième étage. Et il utilisait un chat espion ? Vous imaginez la tête que ferait un psy si vous lui racontiez ça ?

— C’est justement là toute la force du stratagème, martela David. C’est si invraisemblable que ça devient sans danger. J’ai besoin de vous. Vous savez ouvrir n’importe quelle serrure, je vous ai vue à l’œuvre. Nous irons perquisitionner chez lui pendant qu’il essaiera ses foutus cerfs-volants sur la plage. Merde, vous avez une revanche à prendre, non ?

Il s’en voulait d’avancer cet argument qu’il jugeait peu charitable, mais il était à bout. La jeune femme déverrouilla la porte de son appartement. David entra sur ses talons sans prêter attention au décor.

— Je vais quitter L.A., annonça Emmy. Je vais acheter un ranch et élever des chevaux... ou bien je prendrai la gérance d’un stand de yaourts glacés dans un parc d’attractions.

Elle eut un rire triste.

— Non, reprit-elle. Ce n’est même pas vrai, je serais incapable de faire ça. Je pense que je vais plutôt ouvrir une agence de sécurité industrielle. Je résoudrai tous les problèmes du fond de mon fauteuil, sans jamais mettre le nez dehors.

— Alors je vous engage, lança David. Considérez ça comme votre première affaire. Il faut que nous allions voir. On ne peut pas laisser Orroway en liberté.

Emmy s’assit, ôta ses chaussures d’un coup de talon et se versa un fond de whisky.

— Je n’ai plus le droit de boire, dit-elle distraitement. L’alcool fait gonfler mes bronches et m’empêche de respirer. Dans une minute je vais me mettre à siffler comme un vieil asthmatique ou une cornemuse trouée.

David observa qu’elle trempait ses lèvres dans le breuvage en prenant garde de ne rien avaler.

— D’accord, dit-elle au bout d’une minute. Nous irons demain matin. À quelle heure sort-il sur la plage ?

— Huit heures pile. Il teste ses prototypes pendant une heure environ. Après il rentre, je suppose qu’il a trop mal aux bras pour continuer plus longtemps.

— Et vous n’avez jamais eu le moindre doute ?

— Non. Avec les cheveux longs et les lunettes noires, on voit à peine son visage. Et puis il se tient toujours courbé, dans une attitude déférente. Il est très maigre. Beaucoup plus aujourd’hui que lorsqu’il s’est installé.

— Qu’espérez-vous trouver chez lui ?

— Des bonbonnes de glucose, des vitamines, des stéroïdes, tout ce qui lui permet de survivre aux méfaits du Sourire Noir. Une trousse à maquillage, du matériel de liaison radio... Je pense qu’il est si faible qu’il doit mener une existence végétative la plupart du temps. Il vit dans mon ombre, donne ses ordres par radio. Peut-être sort-il par-ci par-là, mais ce n’est même pas certain.

— Je pense que c’est une bonne analyse, approuva Emmy. Nous verrons demain. Combien comptez-vous payer mes services ? Maintenant que je suis au chômage, je dois penser à ces choses.

Le sourire noir
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